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En quoi la vidéo funéraire m’a aidée

Vous le savez peut-être pour ceux qui me connaissent, mais j’ai perdu ma Maman l’année dernière. Ce fut une période terrible, et en même temps très beau, car j’ai pû l’accompagner jusqu’au bout, comme je le souhaitais. Caresses, musique d’Eddy Mitchell en fond dans sa chambre d’hôpital, le son de ma voix aussi souvent que je le voulais chaque jour. Mais une fois qu’elle est partie, il me restait…ce silence, ce vide terrible.

Avant de perdre Maman, je n’avais pas réellement pensé à une vidéo funéraire. Mais lorsque j’ai réalisé que nous pouvions diffuser photos ou vidéo au crématorium (et même en chambre funéraire) je n’ai pas hésité. J’avais 5 jours avant la crémation pour réaliser cette vidéo d’hommage.

Je n’ai pas eu besoin de 5 jours. Un seul m’aura suffi. Je me suis plongée dedans, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, seule derrière mon écran, retraçant sa vie, de sa jeunesse à il y a quelques mois encore. Cette première étape de tri et de rassemblement de photos et vidéos m’a fait couler beaucoup de larmes, mais m’a aussi emplie de gratitude d’avoir pû vivre ces moments auprès d’elle. Son rire qui escaladait plus haut que les murs de la maison, ses mêmes chansons mille fois récitées, ses petits pas de danse une corbeille de linge au bout des bras. Ses yeux pétillants de femme aimant la vie. Je ne pensais pas que créer cette vidéo me ferait autant de bien. Mon deuil commençait là!

La vidéo était faite. La musique parfaite. Chaque cliché choisi avec soin. Sa voix et son rire glissaient sur la bande sonore. Ses gestes habituels prenaient un sens nouveau. Le sens de ceux qu’on ne reverrait jamais mais qu’enfin je trouvais beaux. J’aimais cette vidéo. Je pense que malgré le manque qui me terrifiait, malgré ce vide que je ne savais pas encore comment combler, je commençais à percevoir la chance de l’avoir eue quarante années plutôt que de voir la peur de l’avenir sans elle.

5 jours plus tard, le jour de l’adieu arriva. Après 5 jours de veillée, à parler à Maman sur son petit lit de chambre funéraire, j’étais prête. Prête à partager tous ces moments de bonheur passés. Ses amis proches, ses amis plus lointains, la famille. La plupart ne savait pas à quel point cette femme était géniale.

Le noir se fut. L’écran commença à faire vivre Maman. Réellement. Sa voix nous submergeait de larmes incessantes. Son rire, lui, faisait rire l’assemblée. Comme de son vivant. Chacun regardait la vidéo de 3 minutes et 20 secondes, entre deux sanglots, entre deux sourires.
J’étais heureuse de pouvoir partager tous ces moments avec ceux qui étaient chers à Maman. Refaire vivre ces souvenirs, c’était redonner l’importance de ces instants d’elle avec chacun. Son mari, ses enfants, petits-enfants, soeur, amis, les pique-nique, les Noël, les anniversaires défilaient dans la bonne humeur. Je regardais tour à tour ces gens familiers derrière moi. Tous, émus, étaient plongés dans le passé, les yeux rouges et le mouchoir jamais loin. Partager cette vidéo à tous, c’était le moyen de nous rassembler autour de Maman, de l’honorer, de la remercier pour qui elle était, pour les souvenirs qu’elle a créés avec chacune de ces personnes réunies.

Ils m’ont tous remerciée. Tous, me réclamant la vidéo en souvenir, pour partager à la tante trop âgée pour se déplacer ou au mari qui n’a pas pû se libérer. Tous m’ont signifié le bien que cela leur avait fait de revoir ces moments vécus. De la revoir telle qu’elle était, rieuse, dynamique, et ayant vécu de belles choses entre les tempêtes de la vie. Leur deuil commençait là!

Cette vidéo funéraire, je la regarde aussi souvent que j’en ai besoin. Car lorsque le son de sa voix me manque, lorsque j’aimerai l’appeler pour lui demander conseil, j’ai l’impression de l’avoir un peu avec moi, je me souviens qui elle était, ce qu’elle m’aurait dit, comment elle aurait ri ou pleuré avec moi. Mon deuil continue avec cette vidéo.

C’est une chance que d’avoir pu créer cette vidéo d’hommage. Une force, un soutien. Me remémorer les bons souvenirs me fait accepter les jours passant cette inéluctable fin. Et la rendre moins douloureuse. 

Alors, à tous, je ne peux que vous conseiller de réaliser ou faire réaliser une vidéo d’hommage lorsque vous perdrez un proche. Elle rend le vide moins pénible et permet un hommage tellement émouvant, joyeux, beau, selon l’ambiance souhaitée. 

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